Lidée d'un déclin nécessaire et définitif de toute civilisation reflète une vision anthropomorphique de la société, que l'histoire ne dément pas toujours : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », dira Paul Valéry se penchant sur le naufrage de l'Europe pendant la Grande guerre.
Ouvrage Vous autres, civilisations, savez maintenant que vous êtes mortelles. De la contre-utopie; Pages: 7 à 8; Collection: Études de littérature des xx e et xxi e siècles, n° 96; Autres informations ⮟ ISBN: 6-9; ISSN: 2260-7498; DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10756-9.p.0007; Éditeur: Classiques Garnier; Mise en ligne: 29
La crise de l’esprit », Paul Valéry « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », c’est ce qu’affirme Valéry dans sa première lettre de La Crise de l’esprit. Avec cette citation, nous pouvons rendre compte de l’état d’esprit de l’auteur, qui se veut rassurant, sans être rassuré.
Cesdeux fêtes sauvages mirent le monde en harmonie avec Paul Valéry au XXème siècle : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Mourir pour ressusciter á quoi ? En tout cas les civilisations reprirent du poil de la bête.
Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles», écrivait-il en 1919 à la fin de la première guerre mondiale qui venait de dévaster l’Europe. Il la croyait mortellement atteinte, mais une guerre
QuandValéry écrit « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », c’est à l’européenne qu’il pense. Il pense que la civilisation européenne occupe une situation privilégiée, qui ne va pas durer, et entretient un rapport inégal aux autres contrées. Il prend l’exemple du rapport de l’Angleterre à l’Inde
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. - Une citation de Paul Valéry.
Noussavons que les multinationales persuadent de nombreux dirigeants politiques de ne pas prendre au sérieux les conférences internationales sur l’environnement. Je suis fermement convaincue que nous devons refuser, en tant que citoyens, d’être à la merci de ces sociétés. Elles peuvent être absolu- ment impitoyables: elles sont sans
Ouvrage Vous autres, civilisations, savez maintenant que vous êtes mortelles. De la contre-utopie; Pages: 201 à 202; Collection: Études de littérature des xx e et xxi e siècles, n° 96; Autres informations ⮟ ISBN: 6-9; ISSN: 2260-7498; DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10756-9.p.0201; Éditeur: Classiques Garnier; Mise en ligne
LaGrande Boucherie fut une Pentecôte. Ils prirent conscience qu'ils étaient mortels. Nous le sommes toujours." (05 juillet 2010) L'avis de Christophe Baroni (Nyon, Suisse) Plus actuel que jamais! "Plus actuel que jamais, en ce début du vingt-et-unième siècle où la survie même de la biosphère est en question
5TXd. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvons pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire. Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces monde avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les oeuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les oeuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. » Paul Valéry, La Crise de l’esprit Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. L’ayant lue une fois par hasard ou, peut-être, l’ayant entendu citer par un de mes professeurs, j’ai conservé cette phrase dans un coin obscur de ma mémoire ; lorsque je commençai à m’interroger sur l’inquiétante période historique que nous vivons aujourd’hui, elle a resurgi aussitôt. C’est par elle, je l’ai déjà dit, que je suis remonté aux trois textes dont il s’agit ici. Cette formule exprime en effet parfaitement un sentiment largement répandu alors, mais qui demeurait plus ou moins latent. En d’autres termes, la formule de Valéry énonçait tout haut ce que de très nombreuses personnes sentaient confusément ; elle objective en toutes lettres, sous les yeux mêmes de ceux qui l’éprouvent un sentiment aussi profond que mal élucidé. Un bel exemple de la force ambivalente du langage! Cette force est-elle un signe de pertinence à tous points de vue ? Sûrement pas. Nous verrons qu’à l’examen, cette belle formule de Valéry pose de très gros problèmes d’interprétation. On doit admettre qu’une formule bien tournée et cela vaut tout particulièrement dans le domaine de la publicité puisse fort bien parler» à un grand nombre de personnes sans être pour autant une source de compréhension véritable ; son efficacité repose sur une sorte d’illusion de sens. On croit qu’elle dit tout alors même, en fin de compte, elle nous bluffe » simplement. Il existe donc des jeux de langage dont la propriété n’est pas de formuler une idée, mais de rendre manifeste un sentiment sans pour autant l’expliquer. Oui, c’est c’est exactement cela que je ressens! » Ce qui joue dans ce cas c’est la connotation, laquelle dépend non pas de l’auteur ou des caractéristiques internes du discours, que de la réception qui en est faite par celui qu’elle atteint. Pour ne citer qu’un exemple, car les connotations d’un énoncé, si banal soit-il, sont innombrables, on pourrait dire que cette phrase peut éveiller chez la personne qui la reçoit l’angoisse d’une découverte douloureuse et déjà lointaine Ses parents vont vieillir et disparaître, leur soutien n’est pas éternel… Examinons les choses de plus près. Du point de vue rhétorique, cette phrase est une personnification, voire un embryon de prosopopée une chose inanimée ou une abstraction est traitée comme un être vivant, doué de parole dans le cas qui nous occupe. Nous autres, civilisations, … » En dépit de ce que nos venons de souligner, le pluriel présente ici une certaine valeur d’information ce n’est pas LA civilisation qui s’exprime, mais l’ensemble de toutes les civilisations, passées, présentes et à venir. Nous savons maintenant … » Ce maintenant désigne bien le moment où le texte a été écrit, soit l’année 1919. Quelque chose d’irréversible s’est produit alors et, désormais, les choses ne sont plus et ne seront plus jamais comme avant. Le fait qu’une civilisation soit mortelle » n’est pas en soi une véritable information. Nous savons bien, nous-mêmes, lecteurs de Valéry, que les civilisations sont mortelles puisque nous avons sous les yeux les ruines de la Rome antique et les vestiges de très nombreuses civilisations disparues. Certaines nous sont relativement connues, d’autres se présentent comme des énigmes dont la clé est définitivement perdue. Mais ce nous » englobant inclut notre propre civilisation, le milieu matériel et symbolique dans lequel nous évoluons et qui nous constitue intimement ; plus encore, il nous inclut nous-mêmes. Certes, ce sont les civilisations qui parlent », mais une civilisation n’est rien d’autre que la pensée commune d’une multitude d’individus en chair et en os. En gros, la guerre de 14 – 18 ne fut pas qu’une tragédie commune ; elle constitue un traumatisme intime nous sommes devenus orphelins de notre propre civilisation. Mais le mot civilisation, ici, est donc livré sans que rien ne le définisse. Nous avons le mot, rien que le mot qui nous prend un peu au dépourvu. Pour le concept, il faudra improviser avec les moyens du bord… Mais est-ce vraiment indispensable ? Un mot, nous pouvons fort bien l’inclure dans notre discours, ou même en faire le pivot de ce discours sans en développer explicitement le concept. Il ne fonctionne alors que comme un emballage vide, une étiquette qui ne renvoie en fin de compte qu’à elle-même. Mais il nous faut maintenant conclure, en esquissant les étapes prochaines de notre exploration. 1. Que faire avec cette notion de mort d’une civilisation, cette interprétation brutale, donnée d’entrée de jeu, cette phrase qui touche à l’évidence un point sensible, qui sonne » vrai, mais dont nous ne distinguons pas toutes les implications ? Si une guerre survenue il y a un siècle marque la fin d’une civilisation, qu’en est-il de nous, si longtemps après ? Quelle est cette civilisation perdue ? Et lorsque meurt une civilisation, est-elle aussitôt remplacée par une autre ? Ou alors ce terme de civilisation n’est-il qu’un leurre, de bout en bout, une identité fictive qu’une société s’attribue, un produit de l’imaginaire collectif ? On peut certes se demander si cette interrogation est pertinente. Accordons-nous simplement l’hypothèse suivante le caractère chaotique du présent siècle, la montée des périls, l’accélération de processus extrêmement puissants et hors de tout contrôle ne posent-ils pas la question des catégorie qui président au développement de l’humanité, du sens de notre présence ici-bas ? 2. D’entrée de jeu, nous avons buté sur la question du langage. Avec le mot civilisation » nous avons effleuré cette idée que l’usage des mots est toujours problématique et, pour reprendre des catégories ici plus lacaniennes que saussuriennes, que le rapport entre signifiant et signifié n’est pas élucidé. Comment se fait-il que des signifiants quasiment inconsistants puissent néanmoins agir puissamment ? Comment se fait-il que nous puissions user si efficacement de mots quasiment dépourvus de concepts ? Pour ma part, disons-le carrément, je n’ai jamais réussi à comprendre le fonctionnement du langage, en dépit de toutes ses évidences ! Par quel mystère un simple assemblage de signifiants peut-il fonder la transmission d’une pensée d’un sujet à un autre ? Comment se fait-il qu’un discours puisse avoir du sens ? C’est cette interrogation qui me fait douter de toute prétention philosophique que ne légitimerait pas une sévère critique du langage.
Paul Valéry - "Oeuvres, tome 1", Ed Pléiade, 1957, pp991-2, in "Essais quasi-politiques", La crise de l'espritTete coupee, moine et trois esprits Odilon Redon, 1878 - La faille humaine se montre nue La civilisation européenne d'avant 1914 était déjà atteinte par la crise de l'esprit une culture aussi dissonante et hétérogène ne pouvait subsister La faille humaine se montre nue Pour l'acquérir, cliquez sur le livre Il s'agit du texte fameux de Paul Valéry qui commence par la phrase "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles". Le texte a été écrit en 1919, la civilisation dont il s'agit est celle de l'Europe. Nous, ce sont les modernes, et maintenant, c'est ce qui vient après la guerre de 14. Que s'est-il passé? Nos immenses navires chargés de richesse et d'esprit ont fait naufrage. Phénomènes extraordinaires, réalisations brusques, déceptions brutales. L'âme européenne, formée de milliers de penseurs différents, agonise. Crise militaire, économique et surtout intellectuelle. La connaissance est impuissante, la science est déshonorée, les croyances sont confondues et même les sceptiques sont désarçonnés. Les lampes les mieux suspendues sont renversées. Comment saisir cette crise? Quel est son véritable point, sa phase? Qu'est-ce qui caractérise cette modernité? Le désordre. La culture européenne est une mixture d'idées dissemblables et de principes opposés. Des millions de spectres y coexistent. L'idée de culture et d'intelligence est pour nous en relation avec l'idée d'Europe. Tout ou presque en est venu. Mais cette inégalité par rapport au reste du monde devra se changer en son contraire, car l'Europe est peu peuplée, et les grands nombres finiront par prévaloir. L'esprit européen est-il totalement diffusible? Avons-nous quelque liberté contre cette conjuration menaçante? En 1933, Valéry fait remarquer que la crise de l'esprit se généralise. Même la science a renoncé à l'idéal d'unification. Les croyances s'effondrent. La sensibilité s'étiole. Des moyens puissants de symbolisation et de graphie rapide tendent à supprimer l'effort de raisonner. Les superstitions se répandent. Avec des jouets comme l'automobile, la TSF et le cinéma, le monde est de plus en plus futile. Nous obéissons au téléphone, aux horaires de travail et de transport, aux commandements de l'hygiène et de l'orthographe. La mode entretient une police de l'imitation. Nous avons perdu le loisir de mûrir des oeuvres comparables à celles des siècles passés. Nous ne croyons plus dans le jugement de la postérité. Au total, nous entrons dans l'avenir à reculons. Il est devenu de plus en plus dangereux d'essayer de prévoir l'avenir à partir du passé récent le genre humain s'est engagé dans une aventure extraordinaire, mais où le conduit-elle?
30 juillet 2011 6 30 /07 /juillet /2011 0947 Un lecteur a laissé un commentaire sur le post précédent, dont la pertinence est telle qu'elle me parait mériter une réponse détaillée en post principal. Je me permets d'en recopier les passages pertinents Gilles et skept J'ai trouvé sur ce site depuis peu quelques personnes que je comprends enfin et qui pensent, comme moi, que l'épuisement des énergies fossiles qui est certain à échéance connue est probablement un problème plus urgent et plus mobilisateur que le RCA qui reste complexe à comprendre. Alors que les lois de la physique et un esprit raisonnablement cartésien nous pousserait à l'inverse. [ SIC la suite du commentaire me laisse penser que mon estimé lecteur s'est un peu mélangé les pinceaux, il voulait dire probablement le contraire.... "comme nous y pousserait les lois de la physique et un esprit raisonnablement cartésien ..! ] Alors j'en profite, et j'aurais quelques questions à vous poser qui me tracassent depuis un moment sans que personne, dans mon entourage, ne comprenne même de quoi je parle alors y répondre,... pouvez vous m'aidez à éclaircir mes idées ? 1Pourquoi, à votre avis, cet emballement politico-médiatique mondial sur le C02 et cette quasi "omerta" sur le Peak-Oil un peu moins depuis 1 an toutefois ? alors même que la physique et un esprit raisonnablement cartésien nous pousserait au contraire 2Une question plus technique et moins cruciale que la 1°. Il semble y avoir sur ce blog une flopée de scientifiques, j'aimerai avoir leur avis sur la théorie de Svensmark à propos de l'influence des rayonnements cosmiques sur la formation de nuages et donc sur le climat, la théorie est très "poétique" voire séduisante, Svensmark semble sérieux et compétent, mais je suis un peu méfiant vis à vis de ses principaux promoteurs. Tient elle la route d'un point de vue scientifique ? .... Tout d'abord, Hema, comme on dit couramment Bienvenue au club ! Je vais d'abord répondre rapidement à l'hypothèse de Svensmark, qui a supposé que l'activité solaire pouvait influencer la Terre en modulant le flux de rayonnement cosmiques frappant l'atmopshère, ce qui changerait sa nébulosité le mécanisme étant donc assez complexe et loin de la simple augmentation de la puissance solaire actvité solaire-> plus grand champ magnétique-> moins de cosmique->moins de nuages-> plus de rayonnement arrivant au sol je n'ai pas d'avis a priori sur cette hypothèse; c'est une hypothèse à étudier scientifiquement comme les autres. La critique principale est qu'il ne semble pas que les nuages soient influencés tant que ça par les rayons cosmiques, et de plus, les nuages peuvent avoir un effet inverse suivant leur composition et leur altitude, ils peuvent bloquer le rayonnement incident mais aussi augmenter l'effet de serre quand le ciel se couvre, il fait plus frais, mais une nuit nuageuse est moins froide qu'une nuit claire ! Mais il faut faire un certain nombre d'études complémentaires, dont l'expérience CLOUD, pour en être sûr. On découvrira peut etre aussi un autre phénomène voisin mais différent dont on ne se doutait pas, ça arrive.... D'une façon générale, ces questions sont du ressort des climatologues, et je ne prétends pas l'être. L'avis que je donne ici est juste mon impression sur la "qualité générale" des preuves fournies, mais je respecte le travail des climatologues ayant établi les faits dont il est question. Je suis également assez méfiant vers les explications "c'est le Soleil", "c'est le mouvement des planètes", etc.. mon avis étant plutot qu'on donne trop confiance à des explications déterministes par rapport à la variabilité naturelle. Sur la question importante du "pourquoi", c'est également une question que je me suis souvent posée. A priori, les deux crises, énergétiques et climatiques, jouent un rôle comparable et devraient au moins le même impact, mais en réalité, comme dit Hema, "les lois de la physique et un esprit cartésien" nous poussent à donner un poids bien plus considérable à l'effet des sources énergétiques sur notre société qu'aux variations climatiques. Toutes les corrélations connues montrent que le niveau de vie et les indicateurs humains pas seulement le PIB sont corrélés positivement à la consommation énergétique, et ont peu à voir avec la température. On peut imaginer un seuil où la variation climatique serait catastrophique, mais ce ne sont que des supputations tirées de théories et de modèles informatiques compliquées, d'interprétation de données incertaines, alors que l'association entre sources d'énergie et niveau de vie est claire, évidente, historiquement, géographiquement, et économiquement clairement visible et incontestable. Préconiser de réduire les fossiles pour éviter un changement de climat revient à considérer qu' il est bien plus probable que nous sachions nous passer de fossiles plutot que nous sachions faire face aux conséquences climatiques qu'ils produisent. Or cette assertion n'a strictement rien d'une évidence ! il ne s'agit pas ici de prouver qu'elle est fausse, il s'agit de s'interroger sur les bases sur lesquelles autant de gens l'adoptent comme une évidence, alors qu'il n'y a aucun fait clair qui le montre. De la même façon que la question n'est pas de savoir si Dieu existe , mais de savoir pourquoi autant de gens y croient sans preuve, et de plus, curieusement, la plupart du temps sous la forme qui existe dans la société autour d'eux et pas sous la forme de ceux d'à côté le trait le plus intrigant dans la religion n'est pas seulement la croyance, mais l'autocorrélation spatiale de cette croyance . C'est d'autant plus étrange que non seulement il n'y a aucun fait qui le montre, mais que dans les pratiques économiques, tout montre exactement le contraire. A commencer par le fait que nous cherchons constamment à exploiter de nouvelles ressources fossiles, de plus en plus chères et difficiles d'accès, ce qui n'a aucun sens logique si la proposition précédente est vraie, mais est totalement sensé si elle est fausse. Bref le discours public AFFICHE une croyance et AGIT en fonction de la croyance inverse. Petit parallèle avec la religion on peut remarquer que beaucoup de représentants officiels de religions pronant en général la simplicité et la pauvreté volontaire n'ont pas réellement agi comme si ils y croyaient eux-mêmes ... Donc nous revenons à la question d'Hema mais pourquoi afficher et "croire" la plupart du temps très sincèrement, là encore comme pour les religions autant à une proposition si peu en rapport avec les faits connus, en en minimisant d'autres si évidentes ? L'explication que je propose est qu'il y a une différence entre les deux dangers. Le danger énergétique, si nous ne savons pas le résoudre, est finalement mortel pour notre société. Si nous ne savons pas remplacer les fossiles, notre société s'éteindra inexorablement, sous sa forme actuelle. Je ne parle pas du tout de disparition de l'humanité, je parle de la disparition du mode de vie qui caractérise la société moderne. Il porte donc en germe une idée insupportable, celle de la vieillesse et de la mort, une idée qui nous hante bien sûr personnellement au cours de notre propre vie et que nous avons du mal à admettre. Pire, il n'y a aucune morale derrière ça. Ce n'est la faute de personne si les gisements s'épuisent , ce sont des ressources finies, c'est tout. On pourrait ne plus les extraire, mais ça revient à hâter la fin à laquelle nous cherchons à échapper. Il n'y a pas d'échappatoire. le danger énergétique nous met en face du tragique de l'existence humaine. Le danger climatique, lui , est bien différent. Nous y jouons un tout autre rôle. Nous jouons un double jeu, doublement actif et non passif nous nous voyons comme la CAUSE principale de ce probleme, mais aussi comme le REMEDE potentiel. Nous sommes à la fois une menace, et possiblement des héros pouvant l'éviter. Dans les deux cas, nous sommes maîtres de notre destin. Même notre caractère menaçant flatte notre ego par notre capacité de nuisance - elle flatte notre illusion de toute puissance; le changement climatique met inconsciemment en scène les histoires que nous aimons, les histoires de bons et de méchants, de Dr Jekyll et Mr Hyde, de Dark Vador et de Luke Skywalker. Elle parle à notre inconscient. elle nous met au centre actif de l'histoire. Il est d'ailleurs frappant qu'une partie importante de la communauté "piquiste" a developpé une philosophie "survivaliste", ce qui permet de 'redramatiser" l'histoire. Le peak oil est alors perçu comme une catastrophe soudaine, plongeant le monde dans le chaos, un monde à la Mad Max. Là encore, cette mise en scène permet de s'identifier au héros solitaire, seul contre les éléments hostiles, et redonne une gratification narcissique à notre individu si nous ne sommes pas capables de sauver la société, alors au moins, qu'on nous donne un rôle qui nous permette de nous sauver nous-mêmes ! Cependant, en général, les gens préfèrent de beaucoup penser que nous trouverons des solutions techniques à l'épuisement des fossiles, mais qu'il ne tient qu'à nous de le faire. D'où la floraison dans l'esprit du public de toutes ces croyances à l'existence de "solutions miracles" souvent inventées par des inventeurs géniaux et solitaires, persécutés par de grandes compagnies pétrolières et des états accapareurs de taxes sur les carburants ..., et une tonalité générale du "si on veut on peut" dans tous les discours publics. Nous n'aimons pas qu'on nous dise que nous vieillissons, et encore moins que nous allons mourir, alors que ce sont deux certitudes incontestables. Seul le discours climatique nous permet de mettre en scène les histoires que nous aimons nous raconter. Peut être faudrait-il changer la phrase de Paul Valéry "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles", en "Nous autres, civilisations, nous ne savons toujours pas que nous sommes mortelles " ... ???? Published by climatenergie - dans Société